À la découverte de l’Ogham – S’approprier l’alphabet (4/4)

À la découverte de l’Ogham – S’approprier l’alphabet (4/4)

Nous y voilà ! Cette série d’article consacrée à l’ogham celte touche à sa fin. J’espère que la lecture vous aura plu, que vous aurez pu apprendre deux ou trois choses au passage, ou y trouver quelques pistes pour approfondir davantage votre apprentissage de l’ogham si ce système vous était déjà familier. Pour ma part, j’aimerais encore ajouter quelques mots, dans un cadre un peu moins formel que précédemment, juste le temps de partager avec vous ma façon de voir et de travailler avec cet étonnant alphabet.

Jeu d'oghams sur tranches de bois

Lorsqu’on s’intéresse à un système comme l’ogham, on se retrouve vite confronté à un dilemme : est-il vraiment possible de suivre à la lettre la tradition dans laquelle ce système s’inscrit malgré les manques qui peuvent exister ? Peut-on au contraire se permettre quelques fantaisies pour combler ces vides, quitte à sortir du contexte historique et culturel en inventant de nouvelles choses ? Ce genre de questionnement est tout aussi valable pour les runes de l’Ancien Futhark, mais peut-être encore plus pour l’ogham, car la tradition celte, essentiellement orale, n’a laissé que très peu de traces ou d’indices permettant d’affirmer telle ou telle chose de manière absolue.

A mes yeux, il est primordial de s’informer au préalable, le plus sérieusement possible – c’est d’ailleurs le pourquoi de ces articles, vous proposer une base non exhaustive permettant, je l’espère, de ne pas tomber dans les « pièges » et les erreurs d’interprétation. Sans une base solide, l’apprentissage et la compréhension de l’ogham en y allant seulement à l’instinct me paraît compliquée. Après tout, il ne s’agit de prime abord que d’étranges marques parallèles, n’est-ce pas ?

Mais une fois cette base bien assimilée, il est également nécessaire d’aller plus loin en s’appropriant l’alphabet, en le faisant réellement sien.

Peut-être souhaiterez-vous employer l’ogham dans un cadre divinatoire, ou peut-être envisagerez-vous d’intégrer les feda à vos rituels pour renforcer vos pratiques magiques. Ni l’une ni l’autre de ces utilisations ne trouve sa place dans la « tradition celtique » et pourtant, ce sont sans aucun doute les deux premières applications qui vous viendront à l’esprit lorsque vous commencerez à travailler avec l’ogham. Et bien soit ! C’est justement là que ça devient intéressant, lorsqu’une ancienne tradition évolue, chacun apportant sa pierre à l’édifice, participant ici à faire revivre une certaine idée de la spiritualité celtique, interrompue par l’avènement du christianisme européen.

Le tout, c’est simplement de ne pas clamer haut et fort qu’une chose est authentique ou historiquement attestée lorsqu’elle n’est en réalité qu’une évolution récente voire une considération totalement personnelle. Ce genre d’attitude ne sert personne.

Jeu d'oghams illustrés "Gort", feuilles de lierre

Au moment où je vous parle, ça fait une douzaine d’années que j’ai découvert l’ogham. Ça ne veut pas dire que je l’ai utilisé non stop pendant tout ce temps, il y a eu des hauts et des bas, des moments d’utilisation intense, des périodes où je lui ai préféré d’autres outils, et des traversées du désert pendant lesquelles mes jeux sont restées à prendre la poussière dans un coffret perdu sur une étagère. Mais en faisant le compte, j’ai tout de même eu le temps et l’occasion d’expérimenter pas mal de choses avec cet alphabet.

Pour tout vous avouer, et puisque la comparaison finit toujours par être évoquée, je le préfère même aux runes. Dans l’ensemble, l’ogham a une énergie plus subtile, presque plus douce que ces dernières, qui elles, sont plutôt du genre brutes et sans concession. La façon de les travailler est par conséquent très différente.

Je n’aborderai volontairement pas le rapport avec les divinités que l’on peut entretenir par le biais de l’ogham ; n’étant pas polythéiste, je suis sans doute la moins bien placée pour en parler, mais sait-on jamais, ça peut être une piste à explorer pour vous.

En ce qui me concerne, j’utilise parfois l’ogham en divination (les cartes restent mon support de prédilection), de temps à autre au sein d’un rituel (si on parle d’un cercle et tout le tralala, on peut considérer que je ritualise très peu de façon générale), beaucoup plus souvent intégré directement à mon quotidien (dessiné sur ma peau, gravé sur un charme éphémère, en accompagnement d’une réflexion ou d’une méditation… les situations sont très variées), mais surtout, je m’en sers comme d’un pont, d’une porte, permettant d’accéder et de communiquer avec ce monde invisible pour les yeux, et pourtant bien présent autour de nous.

C’est là, je crois, l’utilisation principale que j’ai de l’ogham : l’interaction avec les esprits des lieux, plantes alliées et animaux de passage. Et les occasions ne manquent pas ! En accompagnement d’une offrande, d’une purification, en remerciement pour un travail effectué, sous la forme d’un chant abandonné au vent et aux feuilles qui dansent et bruissent en rythme…

Jeu d'oghams en bois miniature, motif triskel

Pour ma part, je travaille avec différents « paradigmes » d’ogham. Je n’ai eu de cesse de le répéter jusque là, mais l’ogham n’est pas simplement représenté par une sélection d’arbres, chaque fid possède un éventail de notions et de significations propres.

Comme la plupart des gens, j’ai commencé à travailler avec l’ogham des arbres, le plus connu, avant de me rendre compte qu’il était difficilement adaptable selon l’endroit et la situation dans laquelle vous vous trouvez. C’est très simple : le concept associé à Sail par exemple, l’idée de cycle, de courant, vous pouvez l’emmener n’importe où avec vous, les saules en revanche, il n’en pousse pas partout.

Une solution si vous décidez de travailler avec l’ogham des arbres peut être de remplacer les arbres traditionnels par d’autres correspondant davantage à la région où vous résidez. On s’éloigne de la « tradition » en agissant ainsi, mais mieux vaut s’adapter à ce qui est déjà sur place plutôt que de chercher à introduire des espèces non indigènes qui pourraient s’avérer invasives ou destructrices pour l’écosystème déjà en place.

Quoi qu’il en soit, pour un apprentissage de cet ogham en particulier, je ne peux que vous encourager à aller à la rencontre des arbres que vous choisirez, pour les connaître vraiment. Il ne suffit pas de se dire que le chêne symbolise la force pour parvenir à le comprendre, il faut l’éprouver, le vivre, le ressentir au plus profond de son être.

Peut-être serez-vous davantage attiré par l’ogham des oiseaux ou des couleurs. Peut-être finirez-vous même par créer le vôtre ! J’ai pu voir ainsi un ogham des planètes, réalisé grâce aux connaissances en astrologie de son auteure. J’ai pour ma part un ogham personnel lié à la mer, et je travaille depuis quelques temps à m’en créer un spécial plantes toxiques et empoisonneuses.

Il ne s’agit pas de créer des correspondances entre les différents oghams que vous listez ainsi, mais à partir du moment où vous possédez une symbolique riche et développée sur un thème en particulier, y retrouver les différents feda et concevoir un ogham devient un jeu d’enfant.

Jeu d'oghams d'apprentissage en bois

Vous l’aurez compris, s’approprier l’ogham est avant tout une quête personnelle, et rien ne remplacera votre expérience, pas même les meilleures lectures que vous pourrez avoir sur le sujet. S’informer, c’est bien, c’est même nécessaire pour ne pas se lancer sans aucun repère dans un monde inconnu ; mais expérimenter par vous-même, c’est in-dis-pen-sa-ble. Maintenant que cette série d’articles est achevée et que les bases sont désormais posées, je ne peux que vous inviter à suivre ce dernier conseil : ne restez donc pas collé à cet écran que vous regardez en ce moment-même, posez vos livres et partez sans tarder à la découverte de l’ogham ! De votre ogham 😉

Frise lierre - Séparation de texte

Retrouvez tous les articles de cette série :

Partie 1 – Introduction au système
Partie 2 – Signification des feda
Partie 3 – Méthodes de divination
Partie 4 – S’approprier l’alphabet

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4 réflexions sur « À la découverte de l’Ogham – S’approprier l’alphabet (4/4) »

  1. Je vous remercie pour ces articles, dont j’apprécie particulièrement le positionnement, la clarté et la justesse de ton.

    Bonne continuation à vous !
    Alice

  2. Bonjour, merci énormément pour vos articles sur l’ogham. Je ne connaissais pas , avant de tomber sur ce mot « Ogham » dans un livre de magie féerique. Cela m’a de suite parlé. Je comprend mieux ce qu’il représente et m’inspire beaucoup

    Merci à vous ^^

    laura

    1. Merci à toi pour ce retour ! Heureuse que mes mots aient pu t’aider à appréhender le sujet. Je te souhaite de belles découvertes en compagnie de précieux outil qu’est l’Ogham ♥

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