À la découverte de l’Ogham – Méthodes de divination (3/4)
Il existe bon nombre de raisons pouvant amener à utiliser l’ogham comme support divinatoire, et sûrement tout autant de façons de l’aborder. Pour ma part, ce n’est pas l’utilisation principale que j’ai de cet outil, mais il m’arrive tout de même de m’en servir pour quelques tirages. Quoi qu’il en soit, il est évident que je ne pouvais pas ne pas parler de divination dans une série d’articles évoquant l’ogham.
De nombreuses méthodes permettent d’intégrer l’ogham à une pratique de divination ; ma volonté ici n’est donc pas d’être totalement exhaustive, mais plutôt de vous donner quelques pistes et idées, issues de mon expérience personnelle et de la connaissance de l’ogham que j’ai pu acquérir au fil du temps. Si d’aventure vous souhaitiez partager les vôtres pour compléter mes propos, j’en serais absolument ravie !
🌿 Quel format choisir ?
On commence par un petit rappel : l’ogham, ce n’est pas un jeu de tarot. Et bien qu’il existe de nombreux decks disponibles aujourd’hui se basant sur notre cher alphabet celte, je ne vous les recommanderais pas forcément (et pourtant, croyez-moi, je suis une amoureuse des jeux de carte !). Comprenez-moi bien, ce n’est pas que l’idée est mauvaise en soi, un deck est pratique à emporter un peu partout, c’est un format de lecture plutôt accessible, et il y aura toujours un ou une artiste pour nous faire craquer sur ses illustrations…
Non, l’ennui à mes yeux, c’est que la plupart (pour ne pas dire tous ces jeux) se fixent sur l’ogham des arbres uniquement. Et si vous ne l’aviez pas encore compris à la lecture de mes précédents articles, je trouve ça extrêmement restrictif. Non vraiment, je trouve ça très dommage de laisser de côté ainsi toute la richesse d’interprétation que possède l’ogham à l’origine pour n’en conserver qu’un unique pan, qu’une seule facette. Prenez une forêt, coupez tous les arbres pour n’en garder que les sapins. Vous trouvez ça comment, vous ?
Traditionnellement, les jeux d’oghams sont plutôt gravés sur de courtes tiges ou bâtons de bois. Plats, ronds, écorcés ou non… c’est à vous de choisir ce qui vous attire et ce qui vous conviendra le mieux à l’usage. Ce format permet des tirages plutôt sympas façon mikado, en jetant le set entier devant soi pour ensuite faire la lecture des différents oghams qui interagissent alors entre eux, en se chevauchant, en se croisant ou, au contraire, en se tournant le dos.
Pour ma part, mon format favori reste les rondelles de bois. Pour avoir eu les deux en ma possession, la prise en main et le rangement sont facilités avec les tranches (oui, c’est totalement subjectif), et celles-ci me permettent surtout d’avoir un côté pile et un côté face, et ainsi de voir immédiatement dans un tirage complet quels feda seront lus ou plutôt laissés de côté (si ce n’est pas clair, rassurez-vous : je vous explique ma méthode de tirage un peu plus loin).
🌿 Quelle matière privilégier ?
Pour ce qui est du choix du matériau à utiliser, chacun piochera ici aussi des idées en fonction de ses préférences. Le bois coule évidemment de source, surtout si vous choisissez de travailler avec l’ogham des arbres. Dans ce cas et si vous êtes courageux, vous pouvez même partir à la recherche des différentes essences de bois composant cet ogham, pour ainsi créer un set dans lequel chaque fid sera gravé sur le type de bois qui lui correspond.
D’autres matières naturelles peuvent également être envisagées : je pense notamment aux pierres fines ou à celles beaucoup plus communes ramassées le long d’un chemin (soyez sympas, évitez les galets de plage ou de rivière) ou plus original, quelques morceaux d’ambre, une poignée de glands ou de coquillages, des pièces de cuir ou même des osselets… L’imagination sera votre seule limite !
Enfin, tout comme on peut trouver aujourd’hui des jeux de runes en verre, cette matière peut aussi être une alternative intéressante pour la neutralité et la stabilité qu’elle permet d’obtenir (n’en déplaise aux puristes qui vous diront qu’il vous faut absolument une matière vivante sans quoi votre jeu ne fonctionnera pas et blablabla).
🌿 Méthodes de tirage
Selon le format choisi pour votre jeu d’ogham, la façon de le tirer, de le lire et de l’interpréter ne sera évidemment pas la même. Un support à base de cailloux ou de branchettes vous permettra d’aller vers une interprétation plus libre et moins formelle qu’avec un jeu de cartes. Une fois de plus, c’est à vous de voir en fonction de ce que vous recherchez.
Si vous choisissez d’utiliser des cartes, la plupart des étalements classiques fonctionnent très bien : 3 cartes, 5 cartes, la fameuse croix celtique, et j’en passe. J’insiste là-dessus, mais souvenez-vous qu’avec un jeu de cartes illustré, vous n’avez pour chaque ogham que la symbolique que lui attribue l’auteur du deck au travers de sa représentation. Partant de là, il peut être difficile d’y intégrer la sienne propre.
L’avantage d’un jeu d’ogham sur lequel ne figure que les caractères eux-mêmes, c’est qu’il laisse au contraire le champ libre à votre compréhension de chacun des différents feda, sans aucune imagerie pour vous influencer dans un sens ou dans l’autre. En optant pour un autre format que les cartes, c’est certes un peu plus difficile à appréhender au départ, mais c’est un tout autre monde qui s’ouvre à vous au fur et à mesure que vous vous familiarisez avec le système.
Pour effectuer un tirage avec des bâtons ou des rondelles de bois, il vous suffira de les prendre tous dans vos mains (ou de bien les secouer dans leur pochette si ce n’est pas possible), et de les jeter (pas trop fort quand même) de façon à ce qu’ils retombent sur un petit tapis ou une nappe que vous aurez étendu au préalable devant vous. La lecture qui s’en suit devra être guidée par votre instinct : laissez-vous inspirer par les formes et les schémas qui émergent de la position des oghams. Instaurez vos propres règles d’interprétation et développez-les au fil du temps et des tirages.
Pour ma part, j’élimine d’office toutes les pièces qui ne montrent que leur dos, ainsi que celles sorties de ma zone de tirage (c’est-à-dire, le plus souvent, de la peau que j’utilise). Les oghams les plus proches du centre sont au cœur du problème ou de la situation à analyser, ceux plus éloignés ont une moindre influence sur l’ensemble de la lecture. Je n’interprète pas les oghams comme étant droit ou renversés : je ne le fais déjà pas avec mes jeux de tarot, mais là, ça n’aurait tout simplement aucun sens (sans mauvais jeu de mot). Beith renversé deviendrait h-Úath, et ainsi de suite pour les deux premiers aicmi.
Pour vous familiariser avec ce type de tirage, je ne peux que vous conseiller de commencer avec un nombre limité de feda. Choisissez sans les regarder quelques pièces de votre jeu (à vous d’en déterminer le nombre), et lancez-les ensuite devant vous de la même façon. Même s’il n’est composé que de vingt caractères, avoir un set complet d’oghams étalé devant soi peut être impressionnant, et il est normal en phase d’apprentissage de ne pas savoir par quel bout commencer, ni où donner de la tête. C’est comme pour le Petit Lenormand, on commence rarement à travailler avec ce système en s’attaquant directement au Grand Tableau.
Encore plus simple ? Travailler avec un seul fid à la fois. Ça peut suffire, au moins le temps de bien intégrer la signification de chaque caractère avant de tenter de les combiner entre eux. Tirez-en un le matin pour avoir un aperçu de votre journée, ou un le soir pour voir de quelle façon il s’est manifesté durant vos activités. Gardez de quoi prendre quelques notes pour les relire plus tard, vous pourrez ainsi observer votre progression et développerez jour après jour votre compréhension de l’ogham et de ses arcanes.
🌿 Présages au quotidien
Si dans la pratique de la divination, l’idée est de demander une réponse, de chercher à connaître ou comprendre quelque-chose en interrogeant un support, l’ogham peut également être lu d’une toute autre manière. Il n’est pas nécessaire d’avoir un set en permanence avec soi pour travailler avec l’ogham, il est possible de le trouver un peu partout autour de soi, simplement en ouvrant les yeux, en prêtant attention à ce qui nous entoure.
Au cours d’une sortie en pleine nature, il arrive parfois que l’on tombe sur une pierre ayant des marques évoquant l’un ou l’autre fid. Ou peut-être est-ce un enchevêtrement de branches qui attire soudainement votre regard, ou quelques brindilles déposées par le vent que vous découvrez en travers du chemin… Arrêtez-vous un instant et notez mentalement le message délivré par l’ogham, laissez parler votre intuition ou attendez un peu plus tard si vous n’êtes pas certain de le comprendre immédiatement.
Interpréter un signe n’est pas du tout la même chose que consulter un oracle, quel qu’en soit le support. C’est une façon plus passive de travailler avec l’ogham (ce qui ne veut pas dire moins efficace pour autant), puisqu’il est impossible de forcer un signe à apparaître et se manifester. On ne peut que le recevoir. Mais lorsqu’il se produit, le présage permet bien souvent de confirmer un ressenti, un choix ou une prise de décision. Prenez simplement garde de ne pas voir des signes partout, rappelez-vous qu’il s’agit de quelque-chose de plutôt rare, à interpréter à bon escient.
🌿 Autres utilisations
Pour aller plus loin, j’aimerais aborder rapidement quelques autres utilisations de l’ogham, qui n’entrent pas du tout dans le cadre de la divination cette fois-ci, mais qui vous intéresseront peut-être, qui sait ?
Au sein d’une pratique spirituelle ou magique, l’ogham n’est pas forcément l’outil vers lequel la plupart des gens vont se tourner spontanément. Il faut dire que leurs cousines germaines les runes ont souvent la part belle, et pourtant ! Employés dans la confection d’une amulette ou d’un charme, gravés sur des objets du quotidien pour les imprégner d’une intention, marqués sur la peau pour s’accorder une bénédiction ou développer de nouveaux talents, tracés devant soi ou visualisés durant une méditation… Les possibilités sont immenses pour intégrer les différents feda à votre quotidien et lui apporter une touche de magie supplémentaire.
Un autre exemple qui me vient en tête est celui des mudras : former les caractères de l’ogham avec ses mains pour se familiariser avec leur énergie. Je vous vois venir, qu’est-ce que cette pratique orientale a à voir avec l’ogham celtique ? Ce n’est pas une adaptation que j’ai inventé de toute pièce, rassurez-vous. En réalité, bien avant d’être connu comme système divinatoire, l’ogham a très probablement servi à communiquer et à faire passer des messages, en utilisant différentes parties du corps comme « socle » pour tracer les feda en toute discrétion. Cette utilisation de l’alphabet est notamment évoquée dans In Lebor Ogaim, texte dans lequel on peut découvrir un ogham de la main, un autre de la jambe et même un ogham du nez !
Alors en attendant la semaine prochaine et le dernier article qui viendra clôturer cette série, voilà de quoi vous amuser un peu avec l’ogham ! Allez, deux doigts en travers du visage pour me faire un Gort s’il vous plaît… 😛
Retrouvez tous les articles de cette série :
Partie 1 – Introduction au système
Partie 2 – Signification des feda
Partie 3 – Méthodes de divination
Partie 4 – S’approprier l’alphabet
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