[ WiP ] L’Esprit du Cerf

[ WiP ] L’Esprit du Cerf

Si vous suivez la page Facebook de l’Atelier, vous avez pu y découvrir à l’occasion de la fin du challenge #pyroctober, l’une de mes dernières grosses réalisations, un de ces projets un peu fous dans lesquels je m’embarque de temps à autre sans trop savoir où je mets les pieds…

Esprit du Cerf - Pyrogravure artisanale

Ça commence généralement avec une toute petite idée, une simple envie de changer de support, d’essayer quelque-chose de nouveau pour voir ce que je suis capable d’y faire naître. Ça continue avec quelques traits de crayon gribouillés dans un coin, et lorsque je relève la tête, c’est là que je me rends compte de la véritable ampleur du truc : déjà trois heures de passées dessus et je n’ai même pas encore allumé mon pyrograveur.

Ceci dit, l’avantage de passer ainsi de nombreuses heures sur une seule création, c’est que j’ai une multitude d’occasions pour prendre des photos. Pour me souvenir de la première esquisse et de l’atmosphère qu’elle dégageait, pour avoir une trace de cette nouvelle technique que j’ai essayé et de l’erreur à ne pas reproduire la prochaine fois, pour revoir la progression du projet dans son ensemble et retrouver ce tout petit détail qui a complètement changé la donne une fois ajouté.

Et puis ça me permet aussi de vous montrer un peu ce qu’il y a derrière le « produit fini », chose que je devrais certainement faire plus souvent (à quand remonte mon dernier WiP déjà ? ahem).

Esprit du Cerf - Pyrogravure artisanale (esquisse)

Voici l’esquisse justement, accompagnée de la plaque de bouleau qui m’a servi de support pour cette illustration. Ce n’est pas tout à fait la première, j’ai fait quelques croquis au préalable pour avoir l’idée générale, et poser sur papier ce que j’avais en tête, mais croyez-moi, ils sont illisibles et ne valent pas tellement le coup d’être vus.

Comme vous pouvez le constater, celui-ci est réalisé sur papier calque directement, ce qui me permet d’adapter mon dessin au support, en notant où se situent les tâches, noeuds et autres veines irrégulières que présente parfois le bois et avec lesquelles il me faudra composer (pour mon plus grand plaisir !).

La différence de teinte visible sur l’image, c’est parce que je m’y prends en deux fois (au minimum) pour réaliser ce qui me servira de base pour la gravure ensuite. Côté pile, je dessine assez grossièrement l’ensemble ; côté face je vais un peu plus dans le détail tout en redessinant le motif à l’envers, ce qui me permet de voir immédiatement si mon illustration ne tient pas debout (je n’invente rien, c’est une technique que beaucoup de dessinateurs utilisent).

Regardez donc les feuillages au premier plan et vous verrez tout de suite la différence entre les deux côtés.

Esprit du Cerf - Pyrogravure artisanale (esquisse)

Une fois satisfaite du résultat, il est temps de reporter mon illustration sur la tranche de bois. Et là, clairement, le fait de l’avoir dessinée sur du calque me fait gagner un temps fou. Je n’ai pas évoqué la préparation de la tranche de bois d’ailleurs, mais elle est tout aussi importante que le reste. Pour que le transfert soit le plus fidèle possible, mais aussi pour que toutes les étapes qui suivent se passent au mieux : de la pyrogravure à la teinte, en passant par la dorure, si le bois n’est pas impeccablement lisse, le résultat sera moche, invariablement.

Quelques heures auparavant, je ponçais donc amoureusement à la main cette jolie plaque de bouleau, réduisant peu à peu le grain jusqu’à ce que sa peau soit aussi douce que la mienne ! ?

L’étape qui vient ensuite est celle qui demande le plus de dextérité, de délicatesse… Oh, et une bonne lumière naturelle aussi, ce qui commence cruellement à me manquer avec les jours qui raccourcissent de plus en plus (et le changement d’heure qui n’aide vraiment pas). L’étape suivante, donc, est celle de la dorure, que je réalise à chaud, toujours, avec ma petite recette personnelle. La lumière naturelle, c’est tout simplement parce que la feuille d’or est plus difficile à travailler lorsque des lampes viennent s’y refléter de tous les côtés.

Pour cette illustration, j’ai choisi de n’utiliser l’or que sur le contour, pas sur le cœur de l’illustration. Le cadre qui sépare les deux parties est donc entièrement et patiemment recouvert, et de petites touches sont ajoutées plus ou moins régulièrement dans le feuillage tout autour. J’aimais déjà le mélange feuille d’or et aquarelle, mais j’avoue que j’ai vraiment un énorme faible pour l’harmonie avec laquelle la feuille d’or s’intègre au milieu des teintes du brou de noix, et vient relever tout ça d’une brillance discrète une fois le travail achevé.

Esprit du Cerf - Pyrogravure artisanale (dorure)

Vient ensuite la mise en teinte, entièrement réalisée au brou de noix, que je dilue plus ou moins en fonction du résultat que je souhaite obtenir. J’ai toute une armée de petits pots prêts à en découdre sur ma table de travail, chacun arborant un adorable petit nom, tel que « 33 » ou « 75 », qui correspond en réalité à son pourcentage de dilution 😛

En dehors de son aspect naturel, ce que je trouve intéressant avec le brou de noix, c’est son côté « surpriiiiise ! » qui m’émerveille à chaque fois. Je m’explique : tout juste apposé sur le bois, la teinte la plus claire aura presque exactement le même aspect que celle trois fois plus sombre. La différence ne se révèle qu’une fois la zone bien sèche. Autant vous dire que pour réaliser un dégradé, c’est compliqué.

C’est une difficulté à laquelle il a bien fallu que je m’adapte au départ, mais que j’ai appris à apprécier au fil des essais et des découvertes. Il y a vraiment quelque-chose de magique lorsque le résultat apparaît. Parfois, c’est précisément ce que j’espérais, et parfois, la pièce de bois juste en-dessous a décidé que non, il en serait autrement, et je me soumets la plupart du temps à sa volonté.

C’est un peu la même chose avec les nœuds et les petites irrégularités que j’évoquais au début de cet article. Le bois est un matériau vivant, et puisque j’ai décidé de travailler avec, il est bien normal qu’il ait voix au chapitre.

Esprit du Cerf - Pyrogravure artisanale (teinte au brou de noix)

Pendant que les arbres, là derrière, prennent leur temps pour sécher et révèlent peu à peu leurs nuances, je commence de mon côté à ajouter quelques petits détails à l’acrylique blanche. Comme pour la feuille d’or, j’aime beaucoup la façon qu’a cette couleur de rehausser l’ensemble, tant qu’on sait rester raisonnable avec. Uniquement sur les fougères pour commencer, puis je m’attèle à la mise en valeur de l’attrape-rêve une fois que mon fond est prêt.

Je retravaille la dilution de ma teinte pour lui créér une sorte de halo de lumière tout autour (je ne l’avais absolument pas prévu ainsi au départ, mais il est presque apparu de lui-même au séchage, alors je l’ai pris en compte), je blanchis les plumes duveteuses pour les rendre plus éclatantes, et je dépose ça et là quelques feux follets enchanteurs, petits points de lumière dansant en silence dans la pénombre de la forêt…

Esprit du Cerf - Pyrogravure artisanale (détails)

Le temps de peindre les derniers feuillages sur le contour et de vernir la feuille d’or pour la protéger des frottements, et nous voilà (déjà) arrivés à la fin de ce « work in progress » !

Je me rends compte que ça a l’air court résumé ainsi en quelques lignes, mais pour vous donner une petite idée, depuis le tout premier croquis jusqu’au dernier coup de pinceau, j’ai passé plus d’une dizaine d’heures le dos courbé sur ce morceau de bouleau. De quoi créér un sacré lien entre lui et moi, n’est-ce pas 😉 


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